Comment facturer ses prestations artistiques ? Guide pratique pour les musicien·nes
Ce week-end, lors du Music in Progress 2025, Julie Cramazou, bookeuse et manageuse chez Odessa Maison d’Artistes est intervenue pour faire un état des lieux des possibilités de facturation des prestations artistiques. Ce point essentiel dans le cadre de l’organisation d’un concert fait ici l’objet d’un résumé à destination des artistes mais également des organisation en voie de professionnalisation.
- Les différentes solutions pour facturer ses prestations
Le statut de salarié
Si un artiste a un contrat direct avec un lieu ou une organisation (CDI, CDD, intérim), il bénéficie d’une couverture sociale complète, mais cela reste très rare pour un artiste en Belgique.
Cela peut exister si vous avez un contrat direct avec un lieu ou une organisation. Vous seriez dans ce cas très chanceux car c’est très rare en musique en Belgique. Si vous avez ce type de contrat, votre employeur s’occupe de tout ce qui est administratif, cotisations sociale et assurances, mais c’est ce n’est clairement pas répandu dans nos contrées.
✅ Avantages : simplicité administrative, accès aux allocations, sécurité sociale.
❌ Inconvénients : extrêmement rare voire inexistant en musique actuelles
Le statut d’indépendant
- Adapté aux artistes générant un revenu régulier.
- Gestion autonome des cotisations sociales et de la TVA.
- Possibilité du statut d’indépendant complémentaire.
Le statut d’indépendant demande un certain niveau de rémunération mais aussi de rigueur administrative. Ce qui n’est pas toujours idéal dans le cas d’un projet émergent.
✅ Avantages : liberté, gestion directe des revenus.
❌ Inconvénients : charges sociales élevées, responsabilité administrative.
Alternative : les bureaux sociaux pour artistes (BSA)
- Exemples : SMART (coopérative), Amplo (société), Merveille, Artisium, Tentoo.
- Le BSA est l’employeur légal de l’artiste et gère les cotisations sociales.
- Cela fonctionne souvent sous forme de contrats intérimaires, freelance ou même parfois CDD.
- L’artiste bénéficie d’une assurance et d’une protection sociale.
- Consultants et conseillers à votre disposition
✅ Avantages : simplicité administrative, accès aux allocations, sécurité sociale.
❌ Inconvénients : commission prélevée par le bureau social.
Le bureau social pour artistes est votre employeur légal et vous met sous contrat, il vous protège légalement, vous avez une assurance en cas d’accident, c’est le bureau qui va se charger de payer vos cotisations sociales pour que vous ayez peut-être ensuite droit au chômage par la suite et qui va s’assurer que vous êtes dans la légalité administrative. Ce n’est pas facile de s’employer en Belgique et ils s’occupent de gérer cet aspect-là de manière que vous puissiez vous concentrer sur votre art et que tout soit en règle en cas de contrôle. Evidemment tous ces bureaux sociaux là doivent se payer, et ils prennent une participation sur vos montants pour le travail qui est fourni.
L’ASBL : une option pour les collectifs
- Idéale pour un groupe qui facture des prestations communes.
- Permet d’accéder à des subsides.
- Structure nécessitant une gestion administrative rigoureuse.
✅ Avantages : structure collective, accès aux subsides, mutualisation des frais.
❌ Inconvénients : complexité administrative, obligations légales strictes.
Attention : si vous êtes au chômage, pensez à déclarer ce mandat à l’ONEM, afin de maintenir vos allocations.
Une ASBL possède une personnalité juridique, cela qu’elle assume les responsabilités légales et financières à la place de ses membres. Donc, les risques ne reposent pas sur vous en tant qu’individu, mais sur la structure elle-même.
C’est également une solution pratique pour un collectif, comme un groupe de musique. Si vous êtes quatre musiciens et que vous devez facturer un cachet pour un festival, l’ASBL permet d’émettre une facture unique, évitant ainsi à l’organisateur d’en traiter plusieurs séparément.
Cela facilité aussi la gestion des finances en centralisant les revenus et les dépenses sur un compte unique et ouvre l’accès à certains subsides et aides financières.
L’Indemnité des Arts en Amateurs (IAA) : une option temporaire simplifiée
- 80,18 € max par mission (+ frais de déplacement).
- Plafond : 30 missions/an.
- Aucune cotisation sociale (pas de droits au chômage ni à la pension).
✅ Avantages : idéal pour des concerts ponctuels.
❌ Inconvénients : limité en nombre d’interventions.
- Fixer son cachet
Bien qu’il reste un montant subjectif, le cachet peut être estimé selon plusieurs facteurs lors d’une prestation artistique.
- Les frais directs : transport, matériel, répétitions.
- Le temps consacré.
- L’envergure de l’organisateur.
- L’expérience du projet musical
Attention : En dehors d’un contrat de travail direct avec un organisateur il n’existe pas de barème légal pour les cachets artistiques puisqu’ils sont associés à du travail indépendant. Le barème de la CP 304 peut néanmoins être un indicateur utile.
Conclusion
Chaque solution a ses avantages et inconvénients. L’important est de choisir un modèle en fonction du stade de développement de son activité et de ses objectifs professionnels (occupation principale ou complémentaire).