Que faire pour l’artiste en temps de confinement ?

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Sont-ils vraiment utiles, ces livestreams et ces playlists cent pour cent belges qui foisonnent depuis quelques semaines ? Bonne question. Faisons donc le point sur ces multiples initiatives – non institutionnelles – de soutien et de promotion aux artistes.

« Juste avant que tu ne m’appelles, une artiste m’a envoyé un screen de son Spotify en me disant qu’autant d’écoutes, elle n’avait plus eu ça depuis des jours ! » Au bout du fil, Laurent Walschot, l’un des deux promoteurs de la playlist Stream !t Belgium, ne cache pas sa satisfaction : l’opération lancée voilà une dizaine de jours se concrétise ce 10 avril via un événement Facebook et enregistre en deux heures plus de 500 clics. Dans l’après-midi, les utilisateur·rice·s de Spotify seront déjà 400 à la suivre. Et donc, certain·e·s artistes s’emballent !

Une playlist de plus, Stream !t ? Non, et c’est d’ailleurs plus que cela : « C’est une initiative solidaire avec les artistes wallons et flamands. Nous avons imaginé que ce soit vraiment eux à un moment donné qui partagent l’info à leur fanbase. Ce qui permettrait par exemple à toute la fanbase de Typh Barrow de pouvoir écouter aussi un artiste de métal, ou de n’importe quel autre style. Ce sont les artistes qui vont partager la playlist à leur fanbase et ainsi inciter les gens à écouter d’autres choses. » Stream !t compte pour l’heure une centaine de titres, signés Dalton Telegramme, Glauque, Ozferti, Lylac, Echt, Atome, Blanche, Alice On The Roof, Haring, Jawhar, La Muerte, Marka ou encore Soror. L’idée étant bien entendu également que ceux et celles qui disposent d’une fanbase importante « ramènent du monde » autour de ceux et celles qui en ont une plus réduite.

Créer du mouvement

Le pari ne manque pas de mérite dans le contexte actuel où les plateformes musicales semblent moins fréquentées que celles d’images type YouTube ou Netflix. Laurent Walschot : « On avait vraiment envie d’avoir un pic, aujourd’hui principalement (ndlr : ce 10 avril, donc), sur les trois plateformes (ndlr : Spotify, Deezer, Apple Music). On sait par exemple que les algorithmes de Spotify vont pouvoir peut-être repérer aujourd’hui un titre qui va streamer beaucoup plus que d’habitude. Et qu’il pourrait se retrouver dans une « weekly news » envoyée aux abonnés, qu’il pourrait se retrouver peut-être demain dans une playlist éditoriale, parce qu’on aura détecté ce mouvement sur tel ou telle artiste. »

L’initiative Stream !t pourrait être reconduite. Eventuellement même poursuivie au-delà de la crise sanitaire pendant laquelle elle a vu le jour. L’intérêt est évident : « Beaucoup de gens ne sont pas assez médiatisés, ne passent pas en radio… Tant mieux dès lors si ça peut donner un petit coup de pouce. Et on sait qu’aujourd’hui, les streams sont une donnée hyper importante pour tous les professionnels du secteur. Les maisons de disques notamment. Même les programmateurs radio, regardent les streams des artistes. » Et de nous donner l’exemple de Loyd dont il est manager et avec qui il a entrepris ce travail de fourmi consistant à solliciter les curateurs de playlists : « De temps en temps, tu en as un qui réagit et te met dans une playlist. Là, on a passé le million de streams sur un track, 200.000 sur le dernier single, ce qui est énorme pour un artiste en autoproduction. Et maintenant, il y a un intérêt très concret de la part de Sony Music. »

Concerts at home

Pour l’heure, personne en tout cas ne reste inactif, et les idées de soutien (autres qu’officielles) fleurissent. Chez Jaune Orange, on renoue avec les compilations des années 2000/2010 et on lance une « Compil-19 / Vol.1 » sur le système du gratuit/prix libre. Dix-sept artistes (Antoine Flipo de Glass Museum, Anthony Sinatra d’Hollywood Porn Stars et Piano Club, The Experimental Tropic Blues Band…) s’y sont plié·e·s à l’exercice de la démo en home studio. Les dj’s et producteur·rice·s s’activent chez elleux aux platines. Konoba se fend d’un « lockdown challenge » hebdomadaire. Warner Music Benelux lance les « Break Time sessions » sur Instagram TV, histoire de mettre notamment en avant ses signatures belges. En radio, La Première consacre son émission « Réveil Première » aux artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles : « Un beau moyen de les faire re-découvrir au public et générer des droits d’auteur. » Et partout, on promeut le #playlocal, traduit au nord du pays par #ikluisterbelgisch, une chaîne numérique lancée par Studio Brussel « pour découvrir non-stop le meilleur des nouveautés musicales belges. »

Evidemment, nombre d’artistes s’activent sur les réseaux sociaux. Les concerts annulés pour cause de confinement se transforment en showcases depuis un salon, un jardin ou une salle de bain. Le live devient virtuel, fleurit partout et… est accueilli par des avis contrastés. Déjà que techniquement, ce n’est pas toujours évident ! « J’ai entendu certains live, reprend Laurent Walschot, ce n’est pas non plus dingue ! Après il y a aussi de super belles choses. Mais là, du jour au lendemain, offrir du son de manière presque systématique, je ne suis pas sûr que ce soit l’idée du siècle. » On pourrait même s’interroger : n’est-ce pas un peu paradoxal, toute cette musique gratuite alors qu’en temps normal, quantité d’artistes ont déjà du mal à ne vivre que de leur art, et que pour l’heure, le circuit live belge craint pour sa survie ?

« C’est en effet une situation très paradoxale, nous répond Olivier Biron, à l’initiative du site Music Is Alive. D’une part, les artistes, musiciens, ont besoin de garder le contact avec leur public et continuer à faire vivre la musique. D’autre part, ces live disponibles gratuitement démentent le principe selon lequel l’accès à la culture et à la musique a un prix. » Mais ici comme pour Stream !t, l’idée est aussi d’attirer l’attention, d’attiser la curiosité, de faciliter la découverte. « Les artistes qui se produisent de la sorte faute de mieux espèrent que ça donne envie aux gens d’aller les voir sur scène quand on sera revenu à la normale. Il est vrai qu’actuellement, le public n’a pas la tête à se projeter dans des concerts mais après le confinement et quand les rassemblements seront à nouveau permis, le message des artistes va clairement aller dans ce sens là : venez nous voir jouer en vrai ! »

Pour s’y retrouver, rien de tel qu’un peu de méthode. C’est le sens de Music Is Alive, cette « collection de contenus musicaux en période de confinement ». Voyons-y également une nouvelle offre susceptible de calmer les impatiences. « Elle permet aussi aux spectateurs de rentrer dans ou se reconnecter à l’univers d’un artiste en toute simplicité et de manière assez immédiate: des sessions guitare/voix ou avec un clavier simplement. Ça a parfois un esprit très « home made », mais ça provoque souvent de l’émotion et c’est ça qui compte au final. »

STREAM!T BELGIUM : Facebook – Playlist Spotify, Deezer, Apple Music 
MUSIC IS ALIVE : FacebookSite internet
JAUNEORANGE – Compil’19 : Compil-19 / Vol.1


BONUS : Plus de découvertes “made in Belgium” ?

SOUTIEN AUX ARTISTES BELGES une playlist 100% belge 100% indé sur Spotify et Deezer
THE SOUND OF B. – aleternative music scene in Belgium– sur facebook – pour se partager les coups de coeur et dernières actus de la scène musicale belge
WELCOME STREAM FESTVAL – sur facebook – le festival “Live” n’aura pas lieu mais se tiendra en ligne ce 22 avril.
ROCKERILL Compil‘ : sur YouTubeSpotify

14 avril 2020

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Caroline Bertolini

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